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Match retour dans la Zaun

Enfin ces foutus ordres. Faut croire que "Sissi" m’a à la bonne, puisque c’est bien moi qu’elle a contacté pour le match retour sur Zaun. Coup de Den Den libérateur, qui me renvoie sur ce bout de terre gangrené par le crime. La donzelle a été on ne peut plus clair, la cible cette fois-ci, c’est la M-Boat Corporation, sa gérante une certaine Kripke et on a pour ordre d’y aller doucement pour éviter d’endommager le chantier naval. Parait qu’il y aurait du matos à confisquer mais surtout qu’une prise de contrôle des lieux par les forces de l’ordre.. bah c’est serait la mettre bien profond à Swain et son gouvernement. Fallait pas m’en dire bien plus pour me motiver à accepter cette mission.

Le Couperet, mon croiseur, mouille non loin de l’île, profitant de la brume, et j’attends patiemment les renforts qu’on m’a promis. Pour cette mission, je pourrai compter sur une unité supplémentaire, sous le commandement d’un certain Alex Raines. On m’a dit qu’c’était un bon gars, un commandant comme on en fait plus beaucoup sur les mers bleues. Parait que c’est un coriace et c’est pile poil ce qu’il faut pour une mission sur un territoire hostile comme Zaun. Soudain, y’a James qui s’amène.


Un croiseur s’amène boss. C’est le commandant Raines.

Impec, on va pouvoir entamer le match retour.


Je descends sur le pont pour aller accueillir nos nouveaux alliés. Depuis mon départ de Zaun quelques semaines auparavant, j’ai du mal à digérer la façon dont on nous a expulsé. Et j’ai une certaine envie qui me démange, celle de mettre le plus de bâton dans les roues possible à ce putain de Swain. C’est pas l’sujet et faudra la jouer fine, mais si j’ai la moindre fenêtre de tir me permettant de m’envoyer ce connard arrogant en cabane, alors je ne laisserai pas passer ma chance. Surgissant des brumes, un croiseur aux couleurs de la marine s’approche en douceur et très vite je fais installer une passerelle entre les deux navires. Pas de cérémonie, on a du pain sur la planche, le fameux commandant Raines grimpe à bord avec plusieurs de ses hommes. Un type qui n’paie pas de mine mais dont on m’a déjà beaucoup parlé.


Commandant Raines j’imagine ? Appelle-moi Wayne. Allons faire une petite mise au point sur c’qui nous amène ici.


J’invite mon nouveau camarade de jeu à me suivre à l’intérieur ou on retrouve l’adjudant Bowmore qui s’met au garde à vous. Dans un coin de la pièce, Kyara ne bronche pas et toise le nouvel arrivant en silence, je tire une chaise que j’approche de Raines et prends place autour de la petite table au centre de la salle. Les ordres ont déjà dû être transmis mais je pense qu’il est essentiel, pour ce genre de mission, qu’on soit tous sur la même longueur d’onde.


Rien d’bien méchant, l’Élite a Zaun dans l’collimateur. Notre but aujourd’hui, c’est de prendre le contrôle de la M-Boat Corporation et arrêter Kripke la responsable. Bien sûr il y aura de la casse, mais faut limiter les dégâts au maximum et "Sissi" a insisté la dessus.


Si je devais jouer la carte de l'honnêteté cinq minutes, je dirais qu'à mes yeux, tout ce que cette île mérite, c'est un Buster Call. Corrompue jusqu'aux entrailles, c'est un peu comme une putain de tâche au milieu des mers bleues, une tâche qui voudrait pas partir. Et lorsqu'il s'agit de combattre le mal par le mal, j'suis toujours le premier partant. Mais l'état major ne l'entend visiblement pas de cette oreille et planifie une prise de contrôle de Zaun en plusieurs étapes. Moi tant que ça me permet d'envoyer des enfoirés par le fond derrière les barreaux et de rendre les mers plus sures... Je songe un instant à me servir un petit verre et à en proposer un au nouvel arrivant, mais je finis par me dire que ça va encore m'attirer des emmerdes ou des réflexions désobligeantes d'un peu plus haut. Je me ravise donc, me tenant là, à observer le commandant Raines, en attendant de voir réellement de quel bois il est fait.
    Zaun en vue, Commandant !
    Quelle zone ?
    Et bien... La seule Zaun qu'on connaisse, Commandant.
    Ah... LA zone ?
    Non, l'île ! Zaun !

    Lil' Zohn ? C'est un nom de rappeur ?
    Non, l'île de Zaun est en vue !
    Ah !


    Je déploie ma longue vue et jette un œil à cette île qui a si mauvaise réputation. De loin, elle ne paie pas de mine, car c’est une île parfaitement ronde et dont les terres sont complètement masquées par d’imposantes falaises, et qui se situe à l’extrême nord de North Blue. C’est une île isolée, sans réelles ressources, capable de cacher son activité à la vue de tous. Peu étonnant que ce soit donc devenu un véritable trou à rats que la Commandant d’élite Bathory cherche à purger. D’autant que cette île, avec les années, a su créer sa propre valeur : c’est un des chantiers navals les plus technologiquement avancés des blues, avec notamment une expertise toute particulière pour la conception de submersibles. Il y a donc un véritable enjeu stratégique à ce que cette île soit placée sous le contrôle du gouvernement.

    C’est justement pour une question de submersibles que je suis là. On m’a envoyé rejoindre et soutenir le Lieutenant-colonel Macallan, qui s’occupe jusqu’à maintenant de diriger l’offensive sur Zaun pour le Commandant d’élite Bathory. Je n’ai jamais trop entendu parler de lui, mais le Sous-amiral Niromoto m’a fait transmettre son dossier. C’est un type qui a plus vécu que moi, et qui a plus perdu de choses aussi… Et qui se bat pour que ce qu’il a pu connaître n’arrive pas aux autres. En résumé, c’est un bon gars. Bon, un bon gars qui apparemment a eu quelques problèmes de bouteille et a l’habitude de défoncer ses adversaires à coup de pied de biche sans trop faire dans la dentelle… Mais personne n’est parfait ! D’autant que sa méthode s’est montrée efficace, puisque quelques semaines auparavant il a mené une opération coup de poing qui a permis de neutraliser une partie de la sécurité de l’île ainsi que leur chef, le Capitaine Magnus Behr.

    Aujourd’hui, je viens en renfort sur une mission qui se veut un peu plus délicate. Il s’agit de prendre le contrôle du plus gros chantier naval et principale source de revenu du régime tyrannique de l’île et d’en capturer la directrice actuelle, Malfada Kripke. Et forcément, pour sécuriser une zone en territoire hostile sans trop faire de casse sur du matériel que la sous-marine s'empressera de saisir, on ne sera pas trop de deux équipages.

    Toujours est-il que nous arrivons au niveau du navire du Lieutenant-colonel Macallan. Ce dernier m’accueille à bord, et m’invite à le suivre dans ses quartiers pour un briefing de pré-mission. Il manque un petit peu de formalisme, à me tutoyer et à me demander de l’appeler par son prénom… Mais après tout, il est mon supérieur hiérarchique sur cette mission donc c’est lui qui décide. Il m’invite à m’asseoir et présente les objectifs, de manière très sommaire, de notre mission : prendre le contrôle du chantier naval et en capturer la responsable.

    Je n’ai jamais eu le “plaisir”... Mon ton cache à peine mon sarcasme. … De visiter Zaun. De votre côté, vous avez déjà une connaissance du terrain, même sommaire, de votre précédente opération. Avez-vous un plan de bataille, une idée de comment vous voudriez qu’on s’y prenne ?

    J’enchaine, pensif
    .
    L’idée de neutraliser le Capitaine Behr était de fragiliser leur système de sécurité. Vous voulez simplement passer en force et advienne que pourra ?

    Je lui fais comprendre que dans tous les cas, tout me va. Son regard est noir. Je sais qu’à ses yeux, Zaun est un véritable ulcère sur les blues. Et bien que j’éprouve sincèrement de la peine pour les pauvres hères qui sont nés dans ce trou puant, justice doit se faire. Autant essayer de minimiser les pertes, de leur côté comme du nôtre.

    A titre personnel, et ce n’est qu’une suggestion…
    Je juge nécessaire de préciser. Sous ses abords sympathiques, il reste mon supérieur. Je préfèrerais approcher jusqu’au chantier naval discrètement… Puis que l’on fasse une entrée fracassante. Il est grand temps que ceux qui soutiennent et croient en cette dictature apprennent à craindre l’action du gouvernement.

    Et lui, quel est son point de vue ?


    Dernière édition par Alex Raines le Mar 7 Juin 2022 - 12:06, édité 1 fois
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    Le commandant Raines à l’air d’un chic type, tout neuf, tout droit sorti du moule de l’académie. Comme une chiée de types que j’ai pu voir défiler avant lui… Et pourtant c’est un petit gars qui en a dans le froc à ce qu’on dit. Un peu trop cérémonieux à mon goût, mais j’le blâme pas, j’ai tendance à oublier que j’ai pris du galon. Enfin bref, à entendre sa suggestion, je pense qu’on est partis du mauvais pied. Parce que Magnus Behr et sa milice disparus, l’idée c’est clairement de se rendre au chantier naval en toute discrétion. Le point fracassant, ça se passera ailleurs sur l’île et c’est déjà en place. Parce que pour s’infiltrer dans les meilleures conditions, il nous faut une diversion en bonne et due forme. Et pour ce job, j’connais personne de plus qualifié que ce bon vieux James.


    Ouaip c’est l’idée. Pendant que James ira foutre le boxon en ville… On se faufilera au chantier naval comme des putain de serpent.


    Je vois le regard réprobateur de Kyara non loin. Vrai qu’elle est souvent là à me dire que mon.. franc parler « ne sied pas à ma fonction ». Elle a pas tord et je devine que mon vocabulaire doit également surprendre le commandant Raines, mais on est pas là pour faire dans la mondanité. On est là pour faire notre boulot, pour maintenir l’ordre sur les mers. J’expose alors mon plan à mon nouvel acolyte, au programme aujourd’hui, une sorte de remake de ma précédente mission sur Zaun. Cette fois, j’ai envoyé quelques uns de mes gars en prévision, des types motivés, grimés en civil. James ira les rejoindre et ils auront pour mission de provoquer un petit bordel en plein centre ville. Privé de la quasi-totalité de sa milice, Swain et ceux qui tirent les ficelles dans l’ombre auront sans doute l’attention tournée. C’est la qu’on entrera en scène. Une putain d’frappe rapide, chirurgicale même, digne des meilleurs commandos de la marine d’Elite. Est ce que j’exagère ? Bien sûr. Mais l’idée est là. Le commandant reste silencieux et approuve le plan, pendant que James quitte Le Couperet à bord d’une chaloupe, disparaissant dans les brumes.

    Je laisse alors l’adjudant Bowmore au commandes du navire pendant que j’embarque Kyara et une dizaine d’hommes de mon unité dans une chaloupe. Le commandant Raines fait de même et nous voilà en route pour la castagne, dans un silence absolu. On ne met pas bien longtemps avant d’atteindre une crique isolée de Zaun. Barques planquées à l’écart sous bonne garde, la joyeuse bande de met en route. C’est bien notre veine, le temps est pourrit, humide, brumeux. Ils vont pas trop comprendre ce qui leur arrive. On arrive aux abords de la M Boat en une vingtaine de minutes, grâce au plan confié par les gars de « Sissi ». Une immense bâtiment, donnant sur une autre crique. Groupe à couvert, Kyara me file ma longue vue et j’observe le coin.


    Une douzaine de gars devant ce qui ressemble à la porte principale… Plusieurs patrouilles de trois quatre gaillards… Va falloir trouver un moyen d’entrer de manière.. subtile.


    La subtilité ça n’a jamais été mon fort, mais j’promets de faire un effort. Je cherche déjà un autre moyen et la seule chose qui m’vient… Ben c’est de passer par la flotte et Kyara désapprouve déjà cette idée de crotte. Malheureusement, impossible de passer les différentes patrouilles et le BoysBand de types sous stéroïdes qui gardent l’entrée sans se faire remarquer. Je tente alors un coup de bluff, passant un petit coup de DenDen à James pour déclencher les opérations. Et nous voilà à patienter, accroupis derrière la rocaille. Au loin j’entends quelques détonations, sans doute James qui est passé à l’action. Je fais que m’répéter qu’il faut éviter un max de casse et heureusement.. sans quoi j’aurais déjà pilonné ce trou à rat et rasé ce chantier naval sans ménagement.

    Longue vue en main, j’aperçois plusieurs gars qui se regroupent avant de s’éloigner du chantier naval, sans doute qu’une communication les a rappelé en ville. Les choses se passent comme prévu, et c’est un peu trop simple à mon goût. Laissant deux gars sur les hauteurs pour nous couvrir, j’emmène mon escouade en direction de la M Boat, serpentant parmi les rochers, secondé par Raines. Nous arrivons à éviter les patrouilles et voilà que nous ne sommes plus qu’à quelques mètres de l’entrée. Reste trois gaillards plutôt bien bâtis qui gardent cette énorme porte métallique.


    Une suggestion commandant Raines ?


    J’affiche un sourire amical, comme pour mettre mon camarade de mission au défi de nous débarrasser de ces gus.
      Le plan du Lieutenant-colonel Macallan est sensé. Je ne peux pas dire que je l’apprécie vraiment, mais il a le mérite d’être sensé et sans doute plus prudent que ce que j’aurais aimé faire. J’ai l’air d’être quelqu’un de plutôt sérieux, de composé, voire de réservé. Mais en ce qui concerne les pirates et les criminels, je suis un véritable fauve. J’aime la confrontation frontale, j’aime m’imposer. Mais en vrai, c’est plutôt intelligent de séparer son équipe et de faire une diversion. Ses gaillards ont des têtes de héros et ont l’air bien plus efficaces que les simples hommes du rang que l’on m’affecte. J’imagine que c’est ça, la différence entre un capitaine et un simple marine comme moi. Peut-être qu’à l’avenir, je devrais moi aussi me trouver des compagnons pour mener plus facilement ce genre d’opérations. Mine de rien, le remue-ménage que fait l’aide du Lieutenant-colonel Macallan a terminé de vider une zone qui était déjà bien moins défendue que d’habitude, sans doute grâce aux précédentes opérations menées par la marine d’élite. Ne restent que trois grosses brutes qui gardent la porte principale du chantier naval… Et pour lesquels on me suggère de trouver une “solution”.

      Pas la peine de me le dire deux fois.

      Quand il y a un temps de merde au-dessus de Zaun, on se croirait être en plein milieu de la nuit, parce que les hautes falaises qui l’entourent et les nuages obstruent complètement le passage de la lumière. Entre l’obscurité, la pluie et un brouillard qui n’a nul moyen de s’échapper au cœur de cette crique étroite, il y a donc très peu de visibilité. C’est l’occasion d’approcher discrètement. Si seulement je disposais de techniques spéciales utilisées pour l’infiltration, l’espionnage ou l’assassinat… Oh, c’est vrai. J’en ai. J’utilise mon Soru, me retrouve instantanément derrière le plus grand des trois loubards et…

      Bonjour, je suis le Commandant Raines. Mon supérieur, le Lieutenant-colonel Macallan, et moi-même sommes chargés de prendre le contrôle de ce chantier naval sous ordre du Commandant d’élite Bathory. Je commence à expliquer à cet énergumène qui vient de se retourner en sursautant, visiblement confus quant à comment un jeune marine a l’uniforme clinquant et la coiffure impeccable s’est retrouvé derrière lui. Toute interférence de votre part dans cette entreprise serait considérée comme hostile à notre encontre et m’obligerait à vous neutraliser. Suis-je clair ?
      Qu’est-ce que…
      Je vais donc vous demander de coopérer et de rentrer chez vous, sans faire de bruits ou de gestes suspects.


      Je le dévisage, l’air circonspect, et m’attends à ce qu’il acquiesce en silence et rentre tranquillement chez lui. Il décide autrement et prend une grande inspiration, sans doute pour sonner l’alerte en s’époumonant. Je réagis instantanément.

      Mes doigts recroquevillés en hiraken fusent à toute vitesse et lui atterrissent en plein dans son cou. Le cartilage de la trachée craque sous l’impact, et pas un son ne parvient à sortir de sa bouche. Il se recroqueville sur lui-même, en portant ses mains à sa gorge. J’effectue un nouveau Soru pour me retrouver derrière son comparse, légèrement surélevé dans les airs.Je lui assène un coup de coude en plein dans la nuque, qui l’envoie au sol.

      Pivotant dans les airs, je me replace et grâce à un Geppou parfaitement exécuté, me retrouve derrière le dernier des trois loubards. Ce dernier, tentant maladroitement de suivre mes déplacements avec son fusil en joue, réagit trop tard. Je lui assène un violent mae-geri dans le creux poplité droit, ce qui le fait chuter vers l’arrière et lâcher son emprise sur son arme. Je m’empare de cette dernière et vient l’enfoncer contre sa gorge, serrant de toutes mes forces et compressant son artère carotide. Quelques secondes passent pendant lesquelles il se débat en vain, avant qu’il ne s’évanouisse des suites de l’étranglement sanguin.

      Je fais un tour d’horizon rapide pour m’assurer que le périmètre est dégagé et qu’il n’y a pas d’autre ennemi qui a rejoint la fête, puis me dirige lentement vers la première des trois brutes, en train d’essayer de fuir en rampant en se tenant toujours la gorge dans une main. Je me penche au-dessus de lui, attrape sa tête par les cheveux et l’éclate sur le pavement, le rendant inconscient.

      Les trois gardes mis hors d’état de nuire, je fais signe à nos hommes et au Lieutenant-colonel Macallan de nous rejoindre. Ce dernier me jette un regard à mi-chemin entre l’approbation et la confusion. Sans doute mon zèle à appliquer le protocole, mais ça ne me fait ni chaud ni froid. Nos règles sont ce qui nous différencient de ces racailles de pirates.

      Nous ligotons et baillonons les trois énergumènes et les cachons à l’abri des regards indiscrets, puis nous mettons à longer le mur d’enceinte. Nous arrivons finalement à l’objet de nos convoitises : une porte de service verrouillée. Elle n’offre aucune résistance face au pied de biche de mon supérieur, et ce même si ce pied de biche à dû enfoncer bien plus de crânes que de portes. Je parie qu’il s’étonne lui-même de se servir de son arme à ce but là ! Toujours est-il que notre petite cohorte s’infiltre avec autant de classe qu’une véritable unité du Cipher Pol.

      Le chantier naval grouille d'activité. Il y a des machines lourdes et des charpentiers qui s’affairent à la construction d’imposants sous-marins. On voit bien que le régime impose une cadence infernale au niveau de la production industrielle, signe sans faille des bonnes vieilles dictatures autoritaires. Le problème, c’est que ça grouille de monde entre nous et le bâtiment central qui doit être le siège de la M-Boat.

      Que voulez-vous faire, Lieutenant-colonel ? La priorité, c’est de capturer Mme Kripke et de sécuriser les données et informations qu’elle possède. J’ai lu dans votre précédent rapport de mission que la dictature Zaunienne n’hésitait pas à supprimer ceux qu’ils considéraient comme étant “gênants”.

      Je marque une pause.

      Nos hommes font diversion dans la cour et on file, vous et moi, vers les bureaux centraux ? Une opération coup de poing en neutralisant tout le monde en montant les étages du bâtiment ?

      A mon avis, cette fois, on n'aura pas vraiment le choix que de plus ou moins foncer dans le tas. Nos ordres sont clairs : il faut prendre le contrôle du chantier naval et neutraliser tous ceux qui s’y opposent. Cela implique également que cette fois, ce n’est pas un simple travail en hit & run comme le Lieutenant-colonel Macallan a pu le faire avec le Capitaine Behr. Aujourd’hui, on va devoir prendre ce chantier naval et tenir la position contre ceux qui ne seraient pas de cet avis. Et mon petit doigt me dit qu’ils seront nombreux.
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      Je regarde attentivement ce qui va suivre, histoire de pas en perdre une miette. Histoire de voir de mes yeux de quoi est capable Raines. On m’a dit que c’était un petit gars efficace, on m’a même dit qu’il aurait sa place dans une escouade de la Marine d’Elite. D’un geste rapide il s’éloigne et disparaît littéralement, se retrouvant en un éclair au milieu des trois trous du cul qui gardent l’entrée. Là il leur sort un speech.. pire que ça, il leur conseille carrément d’se tirer, de rentrer tranquillement chez eux sans faire de vague. Je me dis un bref instant qu’on va devoir jouer au tir au pigeon quand ils vont décamper, parce qu’on n’peut clairement pas les laisser filer maintenant qu’ils savent qu’on est là…

      Et finalement, ce n’sera pas nécessaire. Dans un enchaînement digne des plus grands maîtres d’arts martiaux au monde j’exagère complètement, il les étale un par un, bondissant à une vitesse folle, intouchable. J’ai l’impression de voir un de ces fanfarons du Cipher Pol à l’œuvre, en quelques instants seulement, les trois gus gisent au sol, neutralisés en silence. J’affiche alors un sourire satisfait, ouaip ce mec est bel et bien aussi efficace qu’on l’prétend. Les gars prennent rapidement position aux abords de la porte métallique qui mène au chantier naval, j’en laisse cinq en arrière, les regarde s’occuper de ligoter et de planquer les gardes, eux même trop occupés à siester pour opposer quelconque résistance. Sans surprise la porte est verrouillée et je surprends Raines qui jette un coup d’œil discret à mon pied d’biche. C’est presque naturellement que je le dégaine pour nous ouvrir l’accès au chantier naval.

      On se déplace en silence, un vrai putain d’commando ouais, et très vite, on constate que l’endroit grouille de monde. Une fourmilière, des ouvriers qui s’affairent ici et là, mais ce qui retient mon attention c’est les innombrables gardes qui circulent parmi les larbins. Il me paraît évident qu’on va pas pouvoir la jouer si fine que ça sur ce coup… Raines suggère que les gars fassent diversion un peu plus bas pendant qu’on s’dirige en petit comité vers le bureau de Kripke.. et j’suis assez d’accord avec ce scénario.


      Difficile de s’la jouer discrets là effectivement. On va devoir faire ça en deux temps ouais.


      Rapidement je forme deux escouades qui auront pour but de descendre aux abords des quais pour faire diversion. La consigne est simple, pas de risques inutiles mais surtout pas de dommages inutiles… « Sissi » a été très claire, la réussite de la mission implique de coffrer Kripke, mais également de ne pas faire trop de casse. Me demander ça c’est comme demander à un Éléphant de courir dans un magasin rempli de porcelaine… Mais on va faire de not’ mieux. Les gars prennent rapidement position et je me prépare à courir directement vers les bureaux centraux. Rien que d’imaginer toutes ces marches d’escalier à gravir, j’en frémis d’ailleurs d’impatience… Ni une ni deux nous voilà lancés en direction des fameux bureaux, et ça pétarade déjà un peu plus bas.

      Bien entendu, on a rapidement de la compagnie, quelques types qui tentent de nous neutraliser nous foncent dessus. Pied de biche en main, je me lance dans une danse endiablée aux côtés de Kyara et de ses tonfas. Mâchoires bousillées, côtes fracturées, on ne fait pas dans l’détail comme d’hab. Raines n’est pas en reste, il emploie ses compétences pour frapper fort dans les rangs ennemis, décidément, ce type me plaît de plus en plus. Et c’est parti pour le marathon des escaliers… À peine une cinquantaine de marches que j’ai l’impression d’être un vieux connard de soixante ans avec des poumons noirs comme si j’avais fumé toute ma chienne de vie. Kyara le remarque, elle se fout de ma gueule en silence, rien qu’avec son regard. Premier bureau, j’ouvre la porte délicatement. Rien. Second bureau un peu plus haut, je bouscule la porte. Rien non plus. Troisième bureau que j’ouvre nerveusement, toujours rien. Quatrième bureau, j’enfonce la porte à grand coup de pied. On se retrouve nez à nez avec une bande de porte flingue.


      Salut les connards, on jette son arme et on met ses mains bien en évidence.


      J’admets que débouler comme ça c’est pas la meilleure idée qu’j’ai eu. Surtout qu’en face ils ont des flingues ! On se retrouve à se jeter derrière des bureaux pour éviter la pluie de balles qui s’abat soudain. Dans l’fond de la pièce j’arrive quand même à apercevoir une petite nana qui correspond à la description et qui s’fait la malle. Échange de regard avec Raines, qui comprend aussitôt et nous ressert un petit tour de passe passe à base de « je bouge tellement vite que tu m’vois pas ». Surgissant derrière les tireurs, il commence sa distribution de pain, ce qui nous permet à Kyara et moi de sortir de notre cachette pour nous joindre à la fiesta. Il ne nous faut pas trop de temps pour neutraliser la vermine qui se terre ici.


      C’était Kripke.. on s’magne !


      De nouveau à l’extérieur du bureau, ça pétarade sec, les gars mettent du coeur à l’ouvrage pour ce qui est de la diversion. On a le temps de l’apercevoir un peu plus bas, qui se barre en courant. Faut pas qu’elle nous échappe et j’ai certainement pas la condition physique pour la rattraper. Je me tourne alors vers mon camarade, lui affichant le plus beau sourire.


      Ça m’ennuie de vous l’demander.. mais je pense que vous êtes le mieux placé pour ce genre d’interception.


      Après tout, il maîtrise certains atouts des plus grands agents du Cipher Pol, et laisser Kripke s’échapper serait compromettre la mission. Car si l’information d’une attaque de la M-Boat venait à filtrer et à arriver jusqu’aux oreilles de Swain avant que l’on ait prit possession du chantier naval.. alors je ne donne pas cher de notre peau.
        “Salut les connards, on jette son arme et on met ses mains bien en évidence.” Pourquoi est-ce que je m’attendais exactement à ce genre de sommation de la part du Lieutenant-colonel Macallan ? Je ne le connais pas depuis très longtemps, mais… Ça me semble parfaitement représentatif. Quand on pense aux pirates, on pense naturellement à un ensemble hétéroclite d’individus aux histoires et aux objectifs variés. Quand on pense à la marine, et donc à l’armée… On pense plutôt à un moule, à des protocoles, à un certain formatage. Pourtant sur la même mission, on peut voir travailler ensemble des profils aussi différents que le mien et celui du Lieutenant-colonel Macallan. Autant moi, j’ai exactement le profil de l’emploi, autant mon supérieur… S’il intervenait sur une bagarre de taverne et que je devais venir en renforts, sans le connaître, je le coffrerais avec le reste des belligérants… D’ailleurs, ce n’est même pas dit que ce ne serait pas lui à l’origine du grabuge, ou qu’il n’aurait pas contribué au plus gros des dégâts et du grabuge…

        Toujours est-il qu’il est efficace. Il me ressemble un peu, au final, avec quelques années et une cirrhose en plus, et le formalisme en moins. Un autre marine qui aurait sans doute plus sa place dans l’élite, vu comment il a l’air d’apprécier de casser du gros bras Zaunien. Ou Zaunite. Je ne suis pas sûr. Enfin bref, je m’en donne également à cœur joie, niveau salade de phalanges. Formant l’avant-garde de notre petit bataillon, j’élimine efficacement et sûrement les brutes armées de fusil qui empêchent les autres d’avancer. Je ne peux m’empêcher d’esquisser un léger sourire. Monter les étages d’un bâtiment en neutralisant toutes les menaces, ça me rappelle non sans nostalgie l'entraînement du BAN. On défonce la porte d’une pièce, on incapacite ceux qui s’y trouvent, et on passe à la suivante. Et puis, finalement, on tombe sur notre cible. Mafalda Kripke. Une femme a la peau burinée, tatouée jusqu’au visage et avec un gros cigare vissé dans le coin des lèvres. Yep, c’est bien elle. Et elle prend la fuite par une fenêtre et un escalier de service tandis que ses adjoints nous ralentissent.

        Nous sortons du bureau principal et la course poursuite s’engage. Le Lieutenant-colonel peine à suivre le rythme, alors il me commande de la rattraper. J’obéis avec plaisir et m’élance en creusant la distance. Grâce à mon Kamisori, combinaison du Geppou et du Soru, je n’ai aucun mal à zigzaguer dans les airs et à la suivre à grande vitesse au travers des dédales d’allées dans lesquels elle serpente. Finalement, je parviens à l’épingler en lui fonçant à toute allure dans le dos, genou en avant. Elle s’étale au sol, à côté d’une machine étonnamment bruyante.

        Mafalda Kripke. Je suis le Commandant Raines. Vous êtes en état d’arrestation. Nous saisissons ce chantier naval au nom du gouvernement mondial.
        Saloperies de marines, on ne fait rien de mal ! Vous pensez que vous pouvez débarquer avec vos gros sabots et prendre ce que vous voulez, comme ça ?
        Elle m’aboie dessus. Forcément, comme tous les Zauniens, elle a l’air d’avoir un sacré caractère.
        Le gouvernement va mettre fin à la dictature et faire revenir l’ordre sur cette île. Je réponds calmement.
        Une dictature ? Juste parce qu’on est la seule île à ne pas courber l’échine et tendre la patte quand on nous le demande ? Zaun est un lieu d’innovation technologique et de liberté, un modèle sur North Blue ! Et vous appelez ça une dictature ? Vous savez ce que c’est une dictature, Commandant Raines ? Elle termine d’un air moqueur.
        Les dictatures peuvent prendre plusieurs formes. Une dictature, ce n’est pas forcément quand les gens sont communistes, qu’ils ont froid, ont des chapeaux gris, et des chaussures à fermeture éclair. Je marque une pause. Un régime autoritaire dirigé par un leader suprême qui bute l’opposition et permet à son île d’abriter toute la raclure des blues et d’en devenir le nouveau Las Camp, moi j’appelle ça une dictature.

        Elle grogne sans répondre. J’ouvre le clapet de l’escargophone accroché à mon poignet pour contacter le Lieutenant-colonel Macallan.

        Lieutenant-colonel ? C’est Raines. Kripke est appréhendée. Où je suis ? Euh… À côté d’une sorte de grosse presse. Qui crache de la vapeur et fait plein de bruit. Oui… Non… Oui, je sais que c’est très générique comme descrip…

        Je suis d’un coup interrompu par un cri strident. Un bruit suraigu, qui me donne l’impression que ma tête est en train d’exploser. Mon escargophone se replie instantanément dans sa coquille, apeuré, mais aura sans doute pu transmettre les premières secondes à mon supérieur qui saura que quelque chose cloche. Sous la douleur, je porte mes mains à mes oreilles, ferme les yeux et serre les dents. Qu’est-ce que ça peut bien être ? Une alarme du chantier naval ? Impossible, c’est bien trop fort… J’entrouvre un oeil pour essayer de comprendre un peu mieux… Et je vois Kripke, un pistolet à la main, me décocher une patate en plein dans les valseuses. Je me recroqueville à l’impact du coup et en les sentant me remonter jusque dans la gorge.

        Et avec les compliments de la M-Boat ! Allez les gars, dégagez ces marines du chantier naval ! J’entends la voix étouffée de Kripke, qui après m’avoir copieusement craché dessus, beugle des ordres. Impossible de me concentrer avec cet acouphène permanent. D’ailleurs, d’où est-ce que ça venait ? Mon regard se pose à nouveau sur le pistolet que tient Kripke… Et je me rends compte qu’il ne ressemble pas vraiment à un pistolet classique. Est-ce que ce serait une sorte de pistolet sonore ? Pas déconnant, vu que l’endroit doit être bourré d’ingénieurs spécialisés dans la conception de sonars en tous genres, pour en équiper les sous-marins… Bordel. Kripke commence à s’éloigner. Je peste intérieurement. Mais je n’ai pas vraiment le temps de m’attarder sur ça, parce que de l’autre côté, j’entends comme un gros roulement mécanique… Et voilà que trois énormes machines me foncent dessus !


        Match retour dans la Zaun Mecha_10


        Je parviens de justesse à esquiver ce qui semble être des énormes armures de combat, pilotées par des brutes de la M-Boat. Et à en juger par la tête des embouts présents sur leurs avants-bras, ils ont l’air d’être également équipés de ces armes soniques. Forcément, ils ne se contentent pas que de faire des sous-marins pour le régime de Swain, ils font des également des armes. Putain, ça pue. Je suis toujours sonné de l’attaque précédente. Mafalda Kripke est en train de s’enfuir à nouveau, et il y a ces espèces de machines qui ont l’air hyper dangereuses. Je ne cracherais pas sur des renforts de la part du Lieutenant-colonel, ou de nos hommes qui doivent se trouver dans les parages…
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        Totalement essoufflé, j’commence a penser que je suis réellement trop vieux pour ces conneries. Mon escargophone me délivre alors un rapide message, Raines a réussit à appréhender Kripke. Bordel ce petit est vraiment efficace, c’est foutrement dommage qu’il soit aussi.. formaté ? Fin j’veux dire, filez moi une douzaine de gus comme lui, et Zaun tombe sous contrôle de la Marine dans moins d’un mois. J’entends alors un bruit strident qui me violente les tympans, puis la communication se coupe. Pas besoin d’être un génie pour deviner que Raines est dans la merde, je redouble d’effort pour enfin arriver à ses côtés. Je l’aide à se relever et ce que j’aperçois commence à me faire profondément chier… Aucune trace de Kripke, par contre les gros machins métallique qui avancent dans notre direction.. m’ont tout l’air de nous préparer quelques joyeusetés.


        J’imagine que Kripke s’est tiré.. on verra ça quand on aura géré ce bordel la !


        Mais que croyez vous, je n’ai pas le temps de faire le malin qu’un énorme bras métallique me met une rouste, m’envoyant m’écraser illico contre l’une des grosses presses dont le parlait Alex quelques instant auparavant. Bien sûr que j’ai mal, je sens mon dos complètement endolori à mesure que je me redresse difficile sur mes guiboles. Déjà qu’un de ces trucs aurait été problématique, mais alors trois.. merde va falloir ruser. Et ça castagne sec, mes gars se foutent à couvert, tout bonnement submergés par ces nouveaux joujoux, j’ai perdu de vue Kyara et Raines, je me sens de suite complètement désœuvré.. surtout que l’un de ces machins s’avance dans la direction… Me voilà complètement dans la mouise ouais.

        Alors je décide de faire ce que tout bon officier ferait dans ma situation. Je me barre ! Aussi vite que possible, je me découvre même des compétences de sprinteur insoupçonnées… C’est alors qu’il me vient une idée. Une idée complètement merdique, qui risquerait d’m’attirer les foudres de cette brave « Sissi » même. Mais j’ai pas besoin de réfléchir bien longtemps pour m’dire que je préfère sauver ma pomme au détriment de cette putain de mission. Encerclé par des brutes de la M-Boat, ni une ni deux je me hisse sur l’un de ces engins, et je me retrouve pris au piège, comme un con devant une chiée de petits boutons et de manivelles.


        Tu t’fous de ma gueule…


        Alors je tente deux-trois trucs. J’appuie sur un bouton.. rien ne se passe. J’en essaie un autre.. rien ne se passe. J’tente de tourner la manivelle et soudain un bruit sourd retentit derrière moi. Épais nuage de fumée, ma monture s’met à vibrer, c’est pt’être le moment de retenter quelque chose. J’enfonce un, deux, trois boutons et le bordel se met soudain à avancer, écrasant deux pauvres types sur son passage. Remonté à bloc, je me sens comme un môme qui découvre son cadeau au pied du sapin de Minoël ! Le bras métallique de mon bidule se lève et projète une roquette sur l’engin qui me fonçait dessus. Un putain f’feu d’artifice ! Ah c’est vraiment le pied vous pouvez m’croire !


        Alors !? On fait moins les malins bande d’enfoirés !


        Joie de courte durée, puisque je vois les deux autres engins qui se tournent dans ma direction. Je m’empresse de rappuyer sur le bouton qui vient de délivrer la roquette mais rien ne se produit… Et je sens tout à coup que je vais passer un mauvais moment…
          Le Lieutenant-colonel Macallan débarque et me sauve la mise in extremis, en attirant l’attention de ces trois chars mécaniques. Il se fait toucher de plein fouet par un coup de bras de l’un d’entre eux, qui l’envoie valdinguer dans le décor. Je lâche un petit sifflement. Ouille. Je n’aurais pas aimé me le prendre, celui-là. Les trois armures se séparent : une poursuit le Lieutenant-colonel, et une autre assaille ses hommes retranchés avec sa sorte d’arme sonique. Je n’ai pas vraiment le luxe de m’apitoyer sur leur sort, il va d’abord falloir que je m’occupe de sauver ma propre peau… Vu que la dernière machine est immobile, face à moi, faisant vibrer tout son fuselage au rythme des ronflements de son moteur. Je me rassure et me concentre sur mon adversaire. Les hommes de mon coéquipier ont l’air chevronnés, ils sont nombreux, et ils ont l’air d’avoir trouvé de quoi se mettre à couvert. Quant à lui… De toute manière, s’il est mon supérieur, c’est bien pour véritable raison et non pas à cause de son ancienneté, hein ? Je suis sûr qu’il saura se démerder.

          Je reprends peu à peu mes esprits et mes oreilles sont de moins en moins douloureuses. Il faut que je retrouve Kripke, et je commence à la chercher du regard dans l’énorme hangar. Je suis happé hors de mes recherches quand l’armure de combat se décide enfin à fuser sur moi.

          Soru !
          Je frappe le sol extrêmement rapidement pour me dégager du chemin de l’un d’entre eux qui abat son lourd bras mécanique à l’endroit où je me trouvais… Et me retrouve propulsé contre un mur. Je peste. Putain. Mon oreille interne a dû être touchée, elle aussi. Les techniques de déplacement du Rokushiki demandent un niveau de concentration et une précision tellement millimétrés qu’il est risqué de les employer alors que j’ai encore un peu le sentiment de tituber. Tant pis. On va devoir faire avec les moyens du bord.

          Et puis, tout à coup, son attention est détournée ailleurs. La mienne aussi, d’ailleurs. Une violente explosion retentit. Je tourne la tête, et je remarque alors la carcasse, éventrée et fumante, d’une des trois machines. Et puis une autre de ces armures surgit de la fumée, accompagnée d’un lot de jurons. J’esquisse un sourire. On dirait que le Lieutenant-colonel retourne les armes de l’ennemi contre lui, hein ? Toujours est-il qu’il ne fait pas dans la dentelle, à utiliser des explosifs dans une zone qu’on est censés prendre sans y causer de dégâts. Mais bon, il faut avouer qu’au moins, il détourne parfaitement l’attention de la machine qui m’avait pris pour cible. Je m’élance à toute vitesse et saute sur son dos, et de toutes mes forces martèle de coups de poings les plaques de blindage qui la protègent. Après plusieurs coups bien placés, ma main passe au travers de l’armure, et je peux alors farfouiller dans ses entrailles. Pas besoin de ce câble. Pas besoin de celui-là non plus. Et ce bidule qui clignote ? Il ne doit pas servir à grand chose. La machine sur laquelle je suis ne tarde pas à émettre des bruits peu rassurants.. Et finalement, le cockpit semble se dépressuriser alors que les vérins qui le gardent fermé semblent se déverrouiller. J’en profite pour soulever la vitre, extirper la brute qui est aux commandes, et l’envoyer valdinguer au sol. Reste le dernier, toujours en train de canarder les marines à couvert.

          Raines, j’m’en occupe, pourchassez Kripke ! M’ordonne alors le Lieutenant-colonel Macallan alors que je m'apprête à détrousser la dernière machine de ses composants inutiles.

          J’obéis sans me poser de questions. Je balaye les alentours du regard, mais impossible de trouver Kripke. Putain. La réussite de notre mission dépend de la capturer cette femme, et voilà deux fois qu’elle nous échappe. Une véritable anguille. En plus, elle doit connaître ce dédale de machines comme sa poche… Je me décide alors à prendre de la hauteur. Il y a une espèce de grue au milieu du chantier naval, qui sert sans doute à monter les différentes machines qui constituent les chaînes d’assemblage. Ce sera parfait. Je m’élance et commence une escalade rapide, en pestant dans ma barbe qu’avec quelques Geppou toutes mes emmerdes auraient été vite réglées. Je parviens néanmoins à me hisser jusqu’à la cabine où un grutier patibulaire m’insulte copieusement. M’accrochant sur le côté, je lâche une main et fais un cercle avec mes doigts pour m’en servir de longue vue. C’est peut-être un peu ridicule, mais c’est mine de rien rudement efficace. D’ailleurs, j’arrive assez facilement à débusquer ma cible… Qui s’éloigne à toute allure. Je peste une nouvelle fois. Il va falloir que je me calme niveau grossièretés, sinon on finira par me confondre avec le Lieutenant-colonel…

          Eh ! Vous ne pourriez pas m’avancer, par là-bas ? Je hurle en faisant signe au grutier pour qu’il m’entende au travers de la vitre de sa cabine. Ce dernier, peu aimable, ouvre la porte et tout en continuant de m’insulter essaie de me dégager et de me pousser dans la vide. Tssssk. Y’en a pas un pour rattraper les autres !

          Je jette un rapide coup d'œil en bas et trouve une pile de bâches qui a l’air suffisamment épaisse. Alors je l’attrape par le col alors qu’il tente de me pousser, le déséquilibre et le balance du haut de la grue. Il lâche son meilleur cri de Wilhelm, et sa chute est amortie par les épaisses couvertures plastiques. Ceci étant dit… Je pense qu’il a eu une bonne frayeur, et qu’il ne nous embêtera pas de sitôt. Et maintenant… Que faire ? Ma seule option est désormais d’opérer la grue seul, de l’orienter vers Kripke, et de courir sur son bras pour m’élancer dans les airs dans sa direction. Avec un peu de chance, j’ai récupéré suffisamment de dextérité pour enchainer quelques Geppous et m’éviter de me fracasser sur le bitume… A moins que… J’ai une idée de génie. Enfin, de génie… C’est relatif. J’essaie de lancer un appel escargophonique vers le Lieutenant-colonel pour lui en faire part, mais la pauvre bête refuse toujours de sortir de sa coquille. La pauvre… Tant pis. Il va falloir qu’il me fasse confiance ! Et surtout… Qu’il me pardonne.

          Je me saisis des commandes de la grue, et viens attraper la machine dans laquelle se trouve le Lieutenant-colonel Macallan, qui vient de triompher de la dernière des armures qui assiégeait ses hommes. Puis… Je fais tourner la grue sur elle-même. A fond les ballons. La grue prend de la vitesse en rotation, et le câble se tend. Et puis je relache le mécanisme de préhension. L’armure du Lieutenant-colonel fend les airs, et traverse le chantier naval en direction de Kripke. Enfin, juste à côté. Il serait dommage de la tuer par inadvertance, alors je fais exprès de viser à côté. Je crois. J’espère.

          AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

          "L'atterrissage" du Lieutenant-colonel Macallan soulève un épais rideau de fumée… Mais je pense qu’au vu de la constitution du bonhomme, il a toutes ses chances de s’en sortir indemne et de rattraper Kripke.

          Je crois.

          J’espère !
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          À ma grande surprise, je parviens à gérer le truc en faisant strictement n’importe quoi. Sûrement un coup du destin. En tous cas, mes gars continuent à fournir un feu nourri sur la dernière des machines et c’est grâce à eux que je parviens à triompher ! Seulement ma joie est de courte durée et mon sourire sadique s’efface aussi vite qu’il est apparu. Quelque chose vient de saisir mon bidule par l’arrière et j’ai beau essayer d’piger ce qui se passe, je n’arrive pas à distinguer quoique ce soit. Je quitte soudainement le sol à la vitesse grand V et voilà que je tournoi. Une espèce de grande grue vient de s’emparer de mon véhicule et m’offre un tour de centrifugeuse gratis.

          J’étais à deux doigts de rendre mon déjeuner quand cette saloperie me lâche enfin, me projetant un peu plus haut. J’m’écrase avec fracas et heureusement que je me trouve à l’intérieur de ce bidule métallique, sans quoi j’aurais sans doute été transformé en une espèce de bouillie sanguinolente. Le cockpit s’ouvre et j’m’extirpe en titubant. J’ai la tête qui tourne, pire que ça j’ai carrément la gerbe… Je distingue Kripke juste à côté, qui vient d’voir son échappatoire définitivement bouché. Alors j’attrape mon pied d’biche et je le pointe vers elle, mais elle est plus vive que moi et pointe un flingue dans ma direction.


          Casse-toi ! me crie-t-elle.


          Et là, t’as une espèce de cri strident qui s’échappe de son arme. Le même cri que j’ai entendu plus tôt via mon escargophone mais avec une intensité bien plus importante. Tympans défoncés, je grimace sec et titube de plus belle… J’me sens vraiment pas bien… Pas bien du tout… Kripke tente une énième pirouette pour se soustraire au courroux de la justice mais je donne un rapide coup de pied de biche pour l’arrêter. Elle esquive avec agilité avant de m’envoyer un coup de pied sauté dans la mâchoire. Je manque de m’effondrer en arrière, mais parviens à me tenir au mur. Elle essaie de se tirer, mais je l’attrape par le col au passage. Elle tente alors de me filer une bonne grosse beigne dans la tronche, que j’esquive. Malheureusement j’vois pas sa petite sœur qui vient me chatouiller copieusement les entrailles. Et la c’est le drame. Tenant toujours le col de notre cible, sa frappe dans mon bas ventre me fait entrer en éruption. À cet instant précis, j’suis un vrai putain d’volcan. Je lui dégobille sévère en pleine gueule, la pauvre bascule sous l’effet de surprise, elle est littéralement sur le cul. Je me sens foutrement mieux, et je colle alors mon pied de biche sur sa tempe comme pour lui signifier que c’est la fin.


          Mais putain.. de.. dit elle le regard plein de dégoût.

          Je.. je suis vraiment… Oh et puis merde. Kripke, vous êtes en état d’arrestation.


          Il ne faudra pas plus de quelques minutes pour la ligoter et mettre fin aux affrontements. On peut dire que la situation ici, dans les bâtiments de la M-Boat, est désormais sous contrôle. Je suis rejoins par Kyara, qui manque de rendre son repas à son tour lorsqu’elle voit l’état de Kripke. Malgré son air habituel de bon soldat stoïque, Alex lui aussi semble un peu.. perturbé par la bile qui recouvre partiellement le visage de notre prisonnière.


          Beau travail. Faut sécuriser le périmètre et voir ce qu’on peut dégoter dans le coin.


          D’un coup d’escargophone, j’ordonne à l’adjudant Bowmore de nous envoyer du renfort afin de stabiliser nos forces dans le chantier naval. Je propose à Kyara de ramener Kripke au navire à bord d’un de ces mini submersible, mais elle me dit d’aller me faire foutre. Faut dire que s’retrouver dans un petit espace confiné avec une connasse couverte de vomis c’est pas hyper séduisant… Je l’a confie à trois de mes hommes qui la foutent sur la chaloupe qui nous a servit à venir. Kripke chargée sur la petite barque en direction de mon croiseur, il ne nous reste qu’à inspecter les lieux et à tenir nos positions en attendant les renforts envoyés par Jack.


          C’etait couillu Raines. Bon boulot. Je vais contacter « Sissi » pour lui dire que la mission est en bonne voix.


          Mais au moment où j’attrape mon escargophone, il se met à sonner. Au bout de la coquille j’entends la voix de James. C’est un peu saccadé mais j’arrive à comprendre qu’ils ont dû battre en retraite.. j’arrive aussi à comprendre qu’on risque d’avoir de la visite. Si c’est bien notre veine ça ! Cette chère « Sissi » va nous en devoir une bonne c’est moi qui vous l’dit. On peut pas rester à l’intérieur, faut éviter la casse un maximum. Très vite je mobilise mes gars à l’extérieur et je poste des tireur en hauteur sur la rocaille qui encadre le chantier naval. Gardant quelques hommes avant moi, je fais en sorte de distribuer des goodies tout droit sorti des laboratoires de la M-Boat. Y’a d’quoi faire… À mes côtés, j’ai deux gaillards armés de ces espèces de gros canons lourd à répétition. Et en quelques minutes, nous voilà fin prêts pour tenir la position. Enfin du moins pour faire de notre mieux, le temps que les renforts arrivent… Espérons qu’ils ne seront pas trop nombreux…
            Je sue à grosses gouttes quand je vois le Lieutenant-colonel Macallan s’avancer vers moi, en traînant Kripke par le col. L’important, c’est qu’il ait pu la rattraper et l’appréhender… Voilà ce que je me répète en boucle pour me rassurer. Et puis… Je remarque que la directrice de la M-Boat est couverte de gerbe. Je parviens difficilement à contenir mon dégoût et mes hauts-le-cœur, mais je me sens quand même un tantinet curieux… Quel genre de technique est-ce que le Lieutenant-colonel Macallan a pu utiliser ? Serait-ce un des fameux pouvoirs du démon ? Une chose est sûre : un marine qui bat ses adversaires en se servant d’un pied de biche et de son vomi… Ce n’est pas quelque chose qu’on voit tous les jours. Je suis encore plus étonné quand il me félicite pour l’exécution de ma méthode… Peu académique.

            Vous le mentionnerez dans votre rapport ! Je ne peux m’empêcher de le lâcher à voix haute, avec un ton qui peut penser que c’est une blague. Je n’en pense pourtant pas moins. J’ai beau faire ce métier pour protéger et servir, je sais que je ne créerai pas un monde meilleur si je n’ai pas le galon nécessaire. Alors mes états de services sont importants, et si mon supérieur peut glisser un mot à mon sujet… Je ne crache pas dessus.
            La légèreté de cet instant où je reçois les félicitations d’un officier supérieur n’est que de courte durée : la réalité de notre mission nous rattrape. Kripke est appréhendée, et ne risque plus de nous échapper vu qu’on peut la suivre à l’odeur… Mais nous sommes toujours en plein cœur du territoire ennemi, à devoir tenir un chantier naval comme si c’était une place forte. D’ailleurs, les ennuis continuent d’arriver. La diversion menée par le subordonné du Lieutenant-colonel Macallan touche à sa fin. Autrement dit… On va recevoir de la visite incessamment sous peu.

            Mon supérieur réagit immédiatement en verrouillant tous les accès et en postant ses hommes à des points stratégiques desquels on pourra tenir la position. Maintenant, le compte à rebours commence jusqu’à ce que les renforts n’arrivent. Le chantier naval ne sera pas très compliqué à défendre : le seul accès direct à la mer est justement une voie sous-marine, donc pas de risque de se faire attaquer de ce côté-là. La seule autre voie est celle que nous avons emprunté. Une fois la porte de service à nouveau verrouillée et condamnée… Il ne reste plus que l’entrée principale. Non, le seul problème, c’est que les renforts doivent obligatoirement arrimer à un des deux seuls ports de l’île, puis se frayer un chemin jusqu’à nous. Cela n’implique donc pas seulement de tenir le chantier naval, mais également toute la route qui le sépare du port. La réalité de cette mission me rattrape alors un peu. Il ne s’agit pas juste d’infiltrer Zaun, de capturer Kripke et de sécuriser les informations qu’elle détient : il s’agit de commencer la conquête effective de l’île. Je confirme auprès des hommes du Lieutenant-colonel que les renforts vont bien débarquer sur le port ouest, et je les laisse retourner à la défense du chantier naval.

            Où allez-vous, Raines ? Mon supérieur m’intercepte alors que je suis en train de me harnacher avec quelques unes des armes trouvées ça et là dans le hangar.
            Je vais aller en direction du port pour intercepter les renforts ennemis. Je préfère que le moins d’ennemis parviennent jusqu’ici, pour limiter les dégâts. On va essayer de causer un peu de chaos chez les Zauniens. Ma réponse est sèche, autoritaire. C’est, je crois, la première fois depuis le début de la mission que mon ton n’est pas interrogatif. Que je ne demande pas la permission. Si le Lieutenant-colonel Macallan sait coordonner son équipe, moi j’excelle au combat tactique en solitaire au plus profond des lignes ennemies. Et il est temps que je mette à profit mes talents. Il accepte en silence en hochant la tête, et je quitte le chantier naval.

            Je cours à pleine balle dans les rues de la ville, longeant les canaux et rebroussant le chemin que nous avions fait en chaloupe à l’aller. Alors que je commence à distinguer des voix, je m’arrête et escalade une structure si moche qu’il est difficile de dire à quoi elle sert. Si c’est une habitation, je plains les pauvres hères qui y habitent. En contrebas, un groupe d’une dizaine de brutes passe. Je me stoppe complètement, ne laissant s’échapper aucun son pour ne pas trahir ma présence, écoutant la retransmission sur l’escargophone qu’ils transportent.

            Des chiens de la marine. Apparemment, les explosions en ville n’étaient qu’une diversion.
            Ils se sont retranchés dans le chantier naval. Le généralissime veut les éradiquer, il mobilise toutes nos troupes, mais attention : il ne veut pas trop de casse dans le chantier naval. Vous savez que c’est une véritable mine d’or.


            Les brutes se contentent de grogner en guise de réponse. Dès que la transmission est terminée, je leur tombe dessus. Une scène digne des bande-dessinées Mouetteman que je lisais étant enfant. Je percute le premier à pieds joints dans le dos. J’en étale deux autres en les frappant en plein dans le ventre. Je balaye un quatrième d’un coup de pied et vient l'assommer d’un coup de talon en pleine poitrine dès qu’il tombe au sol. Le cinquième commence à fuir. Je le rattrape avec un Soru et le fauche avec mon bras au niveau de la gorge. J’esquive de justesse un coup de sabre du sixième qui m’entaille au niveau du flanc gauche. Je saisis son poignet, et le désarme en le lui fracturant, puis termine de m’occuper de lui en le frappant au menton. Le septième et le huitième viennent chacun m’attraper un bras, alors que le neuvième essaie de me planter au niveau du ventre. M’appuyant sur les deux énergumènes qui me maîtrisent, je lui décoche un double coup de pied en pleine face. Je dégage ensuite celui qui me tient par le bras droit d’un violent coup de coude qui lui brise les côtes. J’enroule enfin mon bras autour de l’autre et lui luxe le coude. Un coup du tranchant de la main derrière la nuque finit de l’étaler par terre. Avant de partir et de les laisser gémir de douleur, je détruis le combiné de l’escargophone, libérant la pauvre bête et lui permettant de s’échapper. Pas de pitié pour les loubards, mais pas de cruauté animale pour le Commandant Raines.

            Je continue mon chemin vers le port à toute vitesse… Et en arrivant à proximité du port, je tombe sur les renforts dont ils parlaient. Cette fois, ce n’est pas neuf brutes, mais peut-être cent gaillards surarmés… Non, plutôt deux-cent… Peut-être même plus ? Ils sont répartis en plusieurs groupes : certains sont à pied, et d’autres montent dans des chaloupes et empruntent différents canaux pour arriver au plus vite vers le chantier naval. Je dois reconnaître que là, il y a un peu trop de taff pour moi tout seul. Je laisse alors ceux qui sont sur la voie fluviale prendre de l’avance, me concentrant sur le groupe qui se trouve à pied. Allez Raines. On donne tout.

            Je m’élance et contracte mes muscles, les renforçant grâce au Tekkai et glisse vers le premier peloton. Je les percute comme une boule de bowling qui rencontre des quilles. Strike. Je désactive mon tekkai et me relève en faisant tournoyer mes jambes en poirier, envoyant valdinguer un groupe de brutes. Je dégaine une des armes récupérées à la M-Boat, et tire au hasard dans la foule. Les décharges soniques font leur effet, et même si les dégâts infligés sont très légers, la plupart des ennemis se recroquevillent sur eux-même en portant leurs mains à leurs oreilles. Je lâche mon arme, et avant même qu’elle ne touche le sol, je suis en train de les faucher un par un, enchaînant les Soru et les Geppous grâce à mon Kamisori. A chaque rebond, chaque nouvelle impulsion dans les airs, je tombe sur un des soldats Zauniens et le frappe de toutes mes forces, sans vraiment faire preuve ni de précision ni de retenue.

            J’encaisse des coups. Des balles qui effleurent et ébrèchent ma peau, des coups de sabres que je ne parviens pas complètement à esquiver. Un coup contondant à l’arrière de la tête qui manque de me faire chuter. Et puis un autre, en pleine face. Mais je ne m’arrête pas, je continue d’enchaîner les Soru. La contrainte imposée à mes jambes me donne l’impression qu’elles vont s’arracher, mais je ne démords pas. Aucune chance qu’on tienne le siège du chantier naval si autant de soldats se présentent à la porte. La seule chose que je peux espérer, c’est d’avoir suffisamment affaibli les forces ennemies pour le Lieutenant-colonel Macallan et ses hommes. Je sens mes forces me quitter petit à petit, les muscles de mon corps cessant de me répondre et me faisant ressentir une vive douleur. Je pose un genou à terre. Quelques rescapés de l’escouade Zaunienne s’approchent lentement de moi. Je suis couvert de sang de mes différentes blessures, et je n’entends bientôt plus que son clapotement lorsqu’il tombe de mes poings serrés jusqu’au sol.

            J’espère que de son côté, le Lieutenant-colonel Macallan et ses hommes s’en sortent mieux. J’espère surtout que les renforts ne vont pas tarder. Parce que je sens que je ne vais pas tenir longtemps.
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            Ah faut reconnaître que p’tit Raines il a des couilles. C’est typiquement le genre de gus bâtit pour ce métier et j’maintiens que si on me filait une douzaine de mecs comme lui, le contrôle de l’île serait quasi assuré ! Défenses organisées, les gars sont postés un peu partout, tous prêts à défendre leur vie et ce foutu chantier naval chèrement. Le commandant est parti en solo quelques minutes auparavant, j’sais pas trop si c’est d’la bravoure ou de l’inconscience. En tous cas je ne compte pas le laisser seul sur ce coup. J’attrape mon escargophone afin de joindre James, ce dernier m’informe qu’il y’a eu des pertes de notre côté et qu’il a dû battre en retraite. Il m’dit également qu’une véritable armée converge dans notre direction et qu’on ne pourra pas les repousser si on doit compter seulement sur notre nombre. Je lui donne l’ordre de converger dans ma direction, puis je me mets à cogiter, y’a quand même pas mal de gadgets et d’engins ici et ce serait vraiment dommage de pas en profiter.


            Kyara, tu prends le commandement de la défense, que personne n’entre, il faudra tenir jusqu’à l’arrivée des renforts.

            Reçu.. Et j’peux demander ou tu vas ?

            Je vais rejoindre James. Il faut qu’on aille prêter main forte à Raines.


            Je sors à mon tour du chantier naval, à bord d’un des machins métalliques avec lequel j’ai fait joujou plus tôt Laisser Kyara aux commandes n’est peut être pas la meilleure idée que j’ai eu.. mais je veux croire qu’elle fera le taff. Je n’ai pas besoin de marcher plus de quelques minutes pour apercevoir les premiers larbins de Swain… Et putain on peut dire que James n’exagérait pas, je me retrouve à surplomber une véritable marée de types, j’sais même pas estimer leur nombre alors les vaincre me semble réellement hors de portée… Au milieu, je distingue le ptit Raines, il a l’air d’en avoir fait baver, mais se retrouve dans une très mauvaise posture. Je sais que j’ai moyen de faire du dégât, mais probablement que je risque de me faire flinguer… J’en viens alors à avoir une idée, saisissant mon escargophone je contacte alors l’adjudant Bowmore.


            Jack ? C’est moi. Une pizza supplément pepperoni.. c’est jouable ?

            …. Heu ouais… position ?

            Je dirais.. latitude quarante sept point cinq.. longitude… Soixante deux point treize.

            ….. Reçu….. Vous la faut pour quelle heure cette pizza ? …..

            Oh bah pour tout de suite hein.. j’ai une dalle d’enfer. Terminé.


            Je remets l’escargophone dans ma veste et actionne les manivelles pour faire avancer ce bordel en direction de l’ennemi. Difficile de dire si je suis vraiment à l’abris dans ce bidule, mais je ne peux pas laisser Raines crever tout seul.. et très vite les types se mettent à me canarder. J’entends que ça fuse sur le blindage mais à priori je ne risque pas grand chose pour l’instant. Je décide alors de contre attaquer en essayant ce bouton bleu sur le côté, mais la « main gauche » de l’engin se change en scie circulaire. Mouais. On fera avec. Je m’élance alors dans la masse et coupe dans le vif. C’est absolument degeulasse, des gerbes de sang giclent en tous sens au rythme des hurlements alors que les tirs s’intensifient dans la direction. Appelez moi Monsieur le Boucher ! Je transforme cette joyeuse bande d’enfoirés en chipolatas. L’objectif est plutôt simple à atteindre, et je me retrouve à faire barrage de mon corps pour protéger Raines. Enfin de mon corps.. j’veux parler du bordel métallique. Le cockpit s’ouvre et je tends la main à mon camarade. Pas de bol je me prends une balle dans la clavicule gauche et une autre traverse mon avant bras…


            Bordel de merde.. Raines ! On s’tire ! Du nerf putain !


            Ça siffle tout autour de nous, j’arrive à chopper le bras de mon compagnon et à le tirer dans ma direction pour l’amener à l’abris dans le cockpit de l’engin. En mauvaise posture, encerclés et subissant un feu nourri, j’en viendrais presque à prier si j’croyais à quoique ce soit.. quand soudain ça pète. Juste à côté de nous. Ça re pète. Des boulets de canons atterrissent tout autour de nous avec fracas au rythme de la canonnade qui raisonne au loin.


            Voilà notre pizza ! Faut dégager !!


            Un boulet arrache l’un des bras métallique de notre bordel, faut pas traîner sinon on risque d’y passer… j’essaie la manivelle pour qu’on s’extirpe de là vite fait, mais y’a quelque chose qui répond plus. Putain de Zauniens, ils ont dû toucher quelque chose. Nous voilà en quelques secondes au milieu d’un véritable déluge de flammes, sans pouvoir bouger, les gus autour de nous qui s’font décimer… Un autre boulet de canon fracasse le dos de notre engin qui se retrouve à l’horizontal, face contre terre. C’est bien ma veine ça.. me dit pas que j’vais finir comme ça, écrasé par mes propres troupes, dans cet espèce de merdier ambulant, collé serré avec Raines… Je tente alors ce bouton jaune sur lequel est décidé une sorte de petit champignon.


            SHHHHFWOOOOOOOMP



            Comme si on venait de recevoir un putain de coup d’pied au derch, nous voilà littéralement éjectés de l’engin, propulsés à une vingtaine de mètres. Alors on roule sur le sol, dans la poussière, je sens que mes os ne me remercieront pas… On termine notre course contre le mur d’un petit bâtiment. Je me relève tant bien que mal et aide Alex à se relever à son tour. Ça continue à faire exploser tout autour de nous.. et je ne vois alors qu’une seule solution. Je passe le bras de mon compère autour de mes épaules et je tape le sprint de ma vie en direction du quai. Ouais le plan c’est de sauter à la flotte. Pas trouvé mieux.


            Allé putain ! ALLÉÉÉ !


            Une balle me traverse alors la cuisse gauche, stoppant net mon entreprise. Je jette un juron et un coup d’œil derrière moi, dans ce véritable enfer ardent, j’arrive à apercevoir des types qui continuent à nous tirer dessus. Malgré tout j’essaie de dépasser ça et je continue à courir.. Allé Wayne.. Encore un effort Wayne.. la douleur est une information Wayne.. Tu peux…… Une autre balle me traverse cette fois-ci le bas ventre. Je manque de me casser la gueule quand Raines m’empoigne.


            Du nerf Macallan ! On y est ! me hurle-t-il.


            Dernier effort et nous voilà à l’eau. Tout continue d’exploser sur les quais… On nage tant bien que mal pour s’éloigner de ce merdier. J’espère qu’on aura du bol. J’espère que leur avancée aura été suffisamment ralentie…
              J’ai eu un moment de flou. Mes yeux ont arrêté de voir, le sol s’est dérobé sous mes pieds. Quand tous mes ennemis m’ont entouré, je me suis senti submergé. Depuis le début de la mission, je tire sur la corde. Alors pas étonnant qu’elle finisse pas lâcher. J’ai entendu le bruit des sabres qui tranchent, et celui des balles tirées. J’ai aussi entendu parler de pizza, et ça m’a donné un peu faim. Et puis, je reprends conscience de ce qui m’entoure dans les airs. C’est comme quand, enfant, mon père venait me lancer de seau d’eau glacée directement au saut du lit pour que j’aille m’entraîner. Sauf que nous volons. Je n’ai pas vraiment le temps de comprendre ce qui se passe, d’ordonner à mes jambes de bouger pour qu’un Geppou nous stabilise. Nous atterrissons dans le décor, et le Lieutenant-colonel Macallan décide ensuite de nous diriger vers les eaux froides et sales de Zaun pour échapper à nos assaillants. Je remarque alors le sang qui coule de son épaule, de sa cuisse et de son ventre. Je commence peu à peu à prendre conscience qu’il a été blessé par balle. Par ma faute. Parce que j’ai eu les yeux plus gros que le ventre et que je me suis surestimé ? Ou parce que je suis simplement trop faible… Toujours est-il qu’il est venu me tirer de là, et je lui rendrai la pareille. Quitte à puiser dans mes dernières ressources. J’en perds même mon protocole, en l’appelant simplement Macallan, sans son grade. A croire qu’il me restait quelques forces, cachées dans cette étiquette dont je me défausse !

              Je retrouve un semblant de lucidité et mobilise un reste d’énergie. J’empoigne mon supérieur, passe mon bras autour de son cou et je me mets à nager, comme on me l’avait appris au BAN avec les mannequins d'entraînement. Je nage de toutes mes forces. Je ressens chaque battement de jambe se répercuter dans la totalité de mon corps. Que je dépasse mes limites à chaque mètre parcouru dans ces eaux glacées. De temps en temps, le poids de mon supérieur me fait légèrement couler et ma tête s’immerge complètement dans l’eau. Ces quelques secondes, durant lesquelles je suis privé d’air, me paraissent être une éternité. Et puis finalement, j’arrache un coup de pied qui me ramène à la surface.

              Je sens le Lieutenant-colonel Macallan fermement collé contre mon corps, de plus en plus froid, de moins en moins livide. En tournant la tête, je vois les Zauniens en bord du quai charger et épauler leurs fusils. Putain. Putain. Putain. J’évalue toutes les options dans ma tête. Mon Rokushiki ne m’aidera pas. Je n’ai clairement pas la force de sortir de l’eau et d’utiliser le Geppou, et encore moins le Kamisori pour nous tirer de là. Encore moins en portant un blessé à bouts de bras. Le Tekkai pour parer les balles et le protéger de mon corps ? Nous coulerions, et puis je ne suis même pas sûr que mes muscles soient encore capables de se contracter comme ça. Allez, Raines, allez. Nous ne sommes plus très loin de la rive opposée. Nous pouvons y arriver ! Nous pouvons y arriver… Putain, c’est tellement loin. On ne va jamais y arriver.

              Je vois les soldats du régime Zaunien se mettre en joue du coin de l'œil…

              Et j’ai vraiment peur. Je suis terrorisé. Je vois les quelques évènements de ma vie flasher devant mes yeux. Je crois que je sens la mort arriver. Putain. Pas comme ça. Il me reste tellement de choses à faire… A vrai dire, je n’ai rien fait ! Je ne suis qu’un simple officier subalterne. Retrouver mon frère ? Faire rayonner mon nom ? Débarrasser le monde de la vermine qui y pullule et faire changer durablement les choses ? Des rêves qui, semblent-ils, vont m’éluder. Les balles quittent leurs fusils. Instinctivement, je roule sur le côté, faisant passer le Lieutenant-colonel Macallan sous l’eau… Et montrant mon dos à l’ennemi. C’est curieux, tout de même. Je ne le connaissais que de nom avec cette mission, et voilà que je me sens prêt à mourir pour lui. Mais il a risqué sa vie pour moi, il ne me paraît que naturel que je lui rende la pareille. Les balles mordent ma chair avec une sensation de brûlure atroce, et je serre des dents tellement fort que j’ai l’impression que ma mâchoire se brise. J’essaie tant bien que mal de ressortir le Lieutenant-colonel Macallan de l’eau, pour qu’il puisse respirer, mais mon corps ne répond plus. Putain. Je n'ai pas fait tout ça pour le noyer sous mon propre poids. Pourtant, impossible de bouger. Mes sens s’émoussent. Mon champ de vision rétrécit, j’ai un acouphène permanent dans les oreilles, ma peau s’engourdit et ressent de moins en moins la température glaciale de l’eau. Même la chaleur foudroyante des balles encore plantées dans ma chair semble s’estomper.

              La seule chose que j’entends, c’est le bruit d’une explosion tonitruante non loin de nous. Puisant dans mes dernières forces, je lance un dernier regard sur le quai, sur lequel il ne reste plus que des restes de Zaunites, réduits en charpie par les tirs de l’imposant cuirassé qui vient de rentrer dans le port. Les renforts sont arrivés.

              Ici le Commandant d’élite Bathory ! Ce port est désormais sous le contrôle de la marine, rendez-vous ! Toute forme de résistance entraînera une réponse violente et permanente de n…

              Je n’entends pas la fin de sa phrase, alors que le Lieutenant-colonel Macallan et moi coulons dans les profondeurs glacées et obscures de la baie du port. C’est comme si quelque chose m’attrapait par la jambe et me tirait vers le fond. Putain, ça n’est pas comme ça que ça doit se finir. Je ne veux pas mourir là, dans les eaux d’un cloaque comme Zaun. Rejoindre ceux à qui le dictateur Swain a offert des chaussures en béton. J’ai encore trop de choses à accomplir… Trop de choses qu’il me reste à faire… Putain…

              Et c’est le noir total.

              Quelque chose heurte alors ma poitrine. J’ai touché le fond ? Je n’en suis pas sûr. Le contact avec cette chose inconnue se transforme alors en poussée, et je nous sens remonter à vive allure vers la surface. La pression de l’eau me plaque violemment, faisant irradier la douleur de mes blessures à l’ensemble de mon corps. Nous atteignons enfin la surface.

              Je rouvre doucement les yeux, en crachant l’eau qui s’était engouffrée dans mes poumons. C’est une sensation incroyablement désagréable, qui brûle jusque dans le fond de la poitrine. Qui aurait cru que de l’eau aussi froide pouvait donner l’impression que le corps tout entier était en train de brûler ? En revenant à moi, je suis surpris du calme qui règne. La bataille est terminée ? Je relève la tête de quelques centimètres. Macallan gît juste à côté de moi, et on dirait qu’il respire encore. Quel soulagement. Sous mon corps immobile, je sens la froideur des tôles en métal. Un… Un sous-marin ? Le même modèle que ceux qui se trouvaient dans le chantier naval. L’écoutille s’ouvre, et l’aide du Lieutenant-colonel en émerge.

              J’en étais sûre que c’était une mauvaise idée de le laisser partir tout seul… Je recommence à y voir trouble, et j’entends petit à petit sa voix fondre et s'atténuer. Il y a urgence ! Il faut les amener à bord du cuirassé ! Je vais administrer les premiers soins et les maintenir en vie ! Je perds à nouveau connaissance.

              J’ouvre les yeux et regarde autour de moi. Je suis allité, dans une pièce de la cale d’un navire. La douceur de son roulis m’indique qu’il est ancré, ce qui m’apporte un certain sentiment de calme et de réconfort… Ce qui n’est pas du luxe, vu que mon corps tout entier me fait mal. Je suis couvert de bandages, et j’ai un cathéter planté dans le dos de la main gauche. Qui sait combien de temps je suis resté endormi ? Je suis happé du brouillard de mes pensées par le Lieutenant-colonel Macallan, qui ouvre les yeux à son tour. Son premier réflexe est de jurer en se massant les tempes.

              On dirait que les renforts sont arrivés à temps, mon Lieutenant-colonel. On a eu de la chance… Je commence, encore en train de bien comprendre la situation. Après une courte pause, je reprends. Merci d’être venu me tirer de là, on dirait que je me suis surestimé. J’ai encore du travail à faire.

              Au même moment, la porte de notre cabine s’ouvre. La jeune femme du sous-marin, qui a sans doute entendu nos voix à travers la porte, débarque la larme à l’oeil.

              Franchement… Je suis soulagée que vous soyez en vie… J’espérais de tout coeur que vous surviviez… Elle commence en s’approchant doucement de nous.
              Kyara…
              POUR POUVOIR TE BUTER MOI-MÊME ! Elle commence à étrangler le Lieutenant-colonel Macallan. C’EST LA DERNIÈRE FOIS QUE TU ME FAIS ME FAIRE DU SOUCI COMME CA !
              Arrêtez, vous allez le tuer !
              C’EST LE BUT !

              Elle finit par se calmer alors que Macallan se racle la gorge en toussant. Je la remercie également d’être venue me sortir de la. Je lui dois une fière chandelle.

              Pas la peine de le mentionner… C’était la moindre des choses, Commandant. Elle tourne les talons et commence à s’en aller, avant de rajouter. Dès que vous vous sentirez mieux, Sissi vous attend sur le pont supérieur, tous les deux. Jack et James sont déjà en train de faire leur rapport.

              Je hoche la tête et elle part. Je prends une grande inspiration bien plus douloureuse que prévue. Les débriefings après les missions sont les moments les plus redoutés. Surtout auprès d'officiers aussi exigeants que le Commandant d'élite Bathory. Allez, Raines, du nerf. Il y a une promotion en jeu, il s'agit de bien présenter !


              Dernière édition par Alex Raines le Ven 24 Juin 2022 - 13:49, édité 1 fois
              • https://www.onepiece-requiem.net/t24208-fiche-technique-d-alex-r
              • https://www.onepiece-requiem.net/t24201-alex-raines-termine#254163
              J’ai des flashs de ce qui s’est passé. Des explosions, des tirs, des hurlements, une vision de Raines en train de me maintenir hors de l’eau tant bien que mal.. cette putain de sensation de crever comme un chien.. cette flotte degeulasse que j’ingurgite… Puis le néant.

              Quand j’ouvre les yeux, le calme est revenu. J’me retrouve alité pas très loin de Raines. Je pensais que c’était la fin, puis j’me suis réveillé. Comme quoi c’était pas mon heure, quelques politesses verbale avant de tourner mon regard vers le commandant tête brûlée. Lui aussi est bien vivant, et c’est pas plus mal. Parce qu’au moment de rendre des comptes, il aurait fallut qu’j’explique le pourquoi du comment… Plus sérieusement, me voilà soulagé de nous savoir saufs. Et à l’entendre on a réussit, on a tenu jusqu’à l’arrivée des renforts bordel. Kyara fait irruption dans la pièce, furieuse elle passe rapidement ses mains autour de mon cou et essaie même de m’étouffer. Je l’ai mérité, mais je suis soulagé de voir que c’était pas une idée complètement con de la laisser en arrière en charge des gars au chantier naval. On en vient alors à l’instant chiant, à priori Jack et James sont déjà sur le pont en compagnie de Bathory. Rien que de penser au rapport et à la paperasse que je vais devoir fournir, j’ai déjà le tournis. Je lève mon cul tant bien que mal, une douleur vive et intense me saisit. J’oubliais presque que j’me suis fait trouer le cuir. Et pas qu’une fois. Boitillant, je saisis une béquille et me dirige alors vers la porte avant de marquer un temps d’arrêt.


              Debout Commandant Raines. Cette victoire, c’est aussi à vous que la marine la doit.


              Et c’est loin d’être faux. Sans les précieuses minutes gagnées par Raines, sans doute que les brutes Zaunienne auraient débarqué au chantier naval et on aurait été totalement submergé. Ce petit laps de temps aura permis aux renforts d’arriver et de sécuriser le périmètre. Attendant que mon camarade ramène son petit cul, voilà qu’on quitte tous les deux l’infirmerie du cuirassé. Arrivés sur le pont, je croise James et Jack, visiblement ravis de me revoir sur pieds, chacun à sa manière.


              Toujours vivant Macallan. sourit James.

              Boss c’est un plaisir de vous revoir ! salua Jack.

              Ravi d’vous revoir entier les gars.


              Je m’avance en compagnie d’Alex en direction de « Sissi », qui nous attend de pied ferme au bout du pont. La jeune femme garde les yeux rivés sur Zaun, pensive mais grave, j’commence à croire qu’elle va finir par craquer et s’arranger pour nous balancer un bon petit Buster Call sur cette île de merde. Elle finit par se retourner dans notre direction, conservant son air grave.


              Ah vous voilà tous les deux. nous interpelle-t-elle.

              On vient au rapport.

              Des types de la scientifique sont en train de s’occuper des engins de la M-Boat… Kripke est entre nos mains… Bon travail. Y’a eu de la casse, mais je m’attendais à pire je dois bien l’avouer… ajouta-t-elle en me toisant.

              Nous allons nous occuper de nos rapports respectifs.

              J’attendrai donc vos rapport. Je me permettrai peut être de vous solliciter pour la suite.

              Reçu. Je voudrais souligner l’héroïsme dont a fait preuve le commandant Raines là bas… Sans lui, je pense que de la casse… Y’en aurait eu bien plus.

              Je note Macallan. On se retrouve plus tard messieurs. dit elle en s’éloignant avec deux de ses hommes.


              Je fais volte face et m’éloigne en boitant pour retrouver mes hommes. Je me devais de souligner l’efficacité et l’utilité de Raines sur cette mission. Non pas que sa carrière m’intéresse, mais les bons éléments comme lui ne courent malheureusement pas les rues dans la marine. La paperasse c’est pas mon truc, encore un job pour Kyara. Je me retourne quand même vers Alex, conscient qu’il m’a quand même sauvé la peau.


              J’suis pas doué pour les adieux, mais j’ai dans l’idée qu’on en a pas finit avec Zaun… Qui sait, peut être qu’on se recroisera Raines. À la revoyure !


              Il me répond poliment, j’me dis qu’un jour il retirera peut être le petit balais qu’il a dans le derch’. Un putain de bon gars, je lui aurais bien proposé dise joindre aux Viandards, mais j’imagine qu’il a d’autres plans plus.. ambitieux. Petit sourire qui ressemble plus à une grimace qu’à autre chose, j’rejoins James et Jack et on se dirige alors vers Le Couperet, mon croiseur afin de se poser et faire un debrief d’après mission. Car si la mission d’aujourd’hui semble être un franc succès, la purge de Zaun ne fait en réalité que commencer.